Première réponse: Tu fais comme tu peux!
Deuxième réponse: développons un peu…
En cette très proche Saint-Valentin, il me semblait intéressant de creuser la face cachée du couple qui vit à distance et qui, a fortiori, se souhaitera cette fête par téléphone. Jusque là, rien de bien glamour. Certes, j’en conviens. Etre séparés, c’est pas vraiment du gâteau. Encore moins des coeurs en chocolat.
Et toi, comment tu gères la séparation?
La séparation, c’est un truc que je connais. Les horaires de travail pourris, aussi. Ca fera 11 ans en juillet que c’est notre quotidien. Voilà pourquoi je pense être bien placée pour vous peindre le tableau des couples qui vivent de façon permanente dans l’attente de l’autre.
Depuis quelques mois, cela ne vous aura pas échappé, monsieur papa a changé de rythme et est absent toute la semaine. Il ne rentre que le vendredi soir, pour repartir le dimanche soir. Court, très court…
Je vous ai déjà parlé de la façon dont les enfants vivent cette étape de notre vie. Aujourd’hui j’avais envie de vous parler de moi.
Pas facile d’ouvrir son coeur. Et pourtant, je pense ne pas être la seule dans ce cas…
“Les retrouvailles doivent être fantastiques”
Plusieurs fois, vous avez été adorables sur Instagram ou Facebook en me disant que les retrouvailles devaient être incroyables. Mais je crois qu’il faut le vivre pour se rendre compte que tout n’est pas si rose.
Imaginez. Vous venez de passer plusieurs jours, seule, assez isolée du reste de la planète entre vos enfants, votre travail et vos corvées quotidiennes. Vous êtes fatiguée. Et c’est bien normal. Personne n’a été là pendant cette semaine pour partager avec vous les émotions, les bobos, les chagrins, les devoirs, les crises pour perte de voiture flash mc queen, les disputes, les sollicitations incessantes, les nuits blanches et j’en passe. Vos quelques amies sans enfants ont bien essayé de vous proposer de passer vous faire un petit coucou en soirée pour vous tenir compagnie, mais vous avez toujours refusé car vous êtes submergée par la fin de journée et vous ne posez vos jolies petites fesses (qui manquent de sport vu leur molesse) qu’à 22H00. Le burn out maternel vous guette sévère. Vous prenez votre courage à deux mains pour emmener tout ce petit monde se promener (je me demande encore pourquoi je ne suis pas née avec l’option “yeux dans le dos”, merci maman.).
Vous avez même renoncé à décrocher le téléphone. Avoir une conversation sensée avec quelqu’un alors que vous êtes interrompue toutes les deux minutes (c’est fou comme les enfants sont attirés comme des aimants par une mère qui tente de prendre 5 minutes pour elle) relève de la pure schizophrénie. Vous voilà donc seule face à cette épreuve de marathon. Et le mental, va falloir en avoir un bon pour gagner la bataille contre vous même et ce fichu emploi du temps.
Du côté de votre cher et tendre, c’est pas forcément la joie non plus. Bien sûr, il a la chance d’évoluer plus ou moins dans un monde sans cris, sans pleurs et sans chouin chouin. Mais il vit avec son petit sac à dos rempli de la culpabilité de vous laisser tout gérer. Il ne voit pas ses enfants. Enfants qui, parfois, n’ont pas envie de téléphoner ou de passer du temps sur skype. Et c’est normal. J’ai remarqué que les enfants sont perturbés par le fait de mélanger les situations. Papa est sensé ne pas être là, alors pourquoi peut-on peut le voir sur l’ordinateur sans pouvoir l’avoir à côté de nous pour de vrai? Le concept de distance est très abstrait pour un tout petit. Du coup, je me suis retrouvée à gérer des enfants surexcités ou bien en colère après une séance webcam. Depuis, j’évite…
Une semaine (ou parfois plus) bien épuisante. Et voilà que le week end tant attendu arrive. On a mis tous nos espoirs en lui! Vous vous retrouvez tout d’un coup à 4. Et aussi à deux (enfin quand tout le monde est couché)…
Comptez déjà une bonne soirée pour le sas de décompression et d’acclimatation. Vous devez reprendre les repères oubliés pendant la semaine, apprendre à échanger de nouveau, vous retrouver parmi les sollicitations permanentes des enfants qui veulent simplement rattraper le temps perdu (et c’est bien normal). Vous raconter votre semaine en quelques mots, mettre en route à nouveau votre cerveau pour tenter de créer un nouvel espace de dialogue alors que vous n’avez qu’une seule envie au fond de vous : vous mettre sur off, quitter le navire et refiler le bébé à l’amoureux.
Chose que vous renoncez à faire car si vous ne passez pas ces 2 jours ensemble, vous repartez pour une semaine sans avoir pu profiter de lui. Pareil pour le fait de laisser les enfants à quelqu’un. C’est encore du temps que nous ne passerons pas à 4, et on à vraiment du mal à le faire. On a l’impression de les mettre de côté. Pourtant, ça nous ferait tellement de bien de se retrouver enfin et pas seulement pour un resto. Les restos, ça sert à rien. Je parle d’un vrai moment à deux sans montre à regarder. Etre un couple d’amoureux, sans obligations et sans culpabilité parentale.
Quand le bonheur ne tient qu’à un fil
La vie de couple, vous savez bien ce que c’est. Je ne vais pas vous faire un dessin. Ca s’entretient sinon ça s’effiloche comme un vieux pull dont la couture aurait sautée. Je le sais… car nous l’avons déjà vécu. 2 ans séparés. Je veux dire séparés pour de vrai. Quand Noah avait 3 ans. Tout ça à cause d’une vie trop chargée, trop décalée et d’un manque de communication terrible qui nous aura été fatal. Mais l’amour aura été plus fort que tout. Et aujourd’hui, impossible pour moi d’imaginer me séparer de lui à nouveau. Il est l’homme de ma vie.
Cela n’empêche que lors de ces fameux week end de retrouvailles, il nous arrive de nous prendre la tête, pour des conneries. J’ai besoin de parler (vu que je suis solo la semaine) alors que lui a plutôt besoin de faire un break. Déjà là, ça coince… Je lui en veux de ne pas me poser les bonnes questions (comme si il était dans ma tête, hein) et il m’en veut de pas avoir tenu la maison parfaitement (conchita bonjour). Tout ça n’a pas de sens. Ce sont des broutilles et des détails qui nous éloignent du vrai sens des choses. Oui oui, parfois je médite sur le sens de nos vies. Je dois avoir un petit côté Dalaï Lama.
LA seule alternative à tout ça, c’est de prendre le large. Nous retrouver hors de notre quotidien. Voilà pourquoi vous me voyez souvent en vadrouille sur le blog ou sur Instagram.
Alors non, les retrouvailles ne sont pas fantastiques et sont souvent bien fatigantes. Mais elle existent. Et nous avons de la chance. La chance d’être tous les 4. De pouvoir nous engueuler comme nous aimer. Et pour ça, rien que pour ça, je suis prête à courir un marathon aussi long qu’il faudra (même si ce marathon là ne remusclera pas mes fesses, désolé chéri).
PS: samedi, mamie nous rend visite pour garder les stroumph et nous partons à 2… rien que tous les deux à la montagne passer la nuit dans un igloo (même qu’on essayera de pas culpabiliser, promis).
MOTHER POWER
Je vous embrasse,
♥Sylvie♥
2 Commentaires
Eolia
13 février 2017 à 18 h 37 minMerci de poser des mots sur ce que chaque “partie” du couple vit dans une relation à distance 😉 Les week-ends de retrouvailles sont effectivement plus ou moins “réussis”, il faut gérer la frustration. Mais, un truc que j’ai compris récemment, c’est de ne pas placer la barre trop haute pour ces fameux week-end et laisser venir les choses telles qu’elles doivent arriver.
Un instant de bonheur
13 février 2017 à 19 h 20 minTrès bel article qui exprime exactement ce que je ressens ici aussi avec un amoureux en déplacement.
Pas si simple que ça à gérer, beaucoup d’incompréhensions. Je suis avec toi le dialogue est la règle d’or pour que cela fonctionne.
En semaine, épuisée, quand Paul ne dort pas ou est encore malade, il m’est arrivée de rêver d’être à la place de l’amoureux, tranquille à l’hôtel pour une bonne nuit de sommeil. J’ai eu le malheur de lui dire une fois et la réponse fut celle ci “parce que tu crois que ça me fait plaisir d’être à l’hôtel sans vous en sachant en plus que c’est difficile à la maison?” Aïe on en se comprend plus…
Est ce que vous vous appelez souvent tous les 2 quand il est absent?